Afro est sans doute l’un des préfixes les plus usités de notre époque. Ses nombreuses déclinaisons (afropéanisme, afropolitanisme, afrofuturisme, afro-féminisme, afro-descendance, afrotopia...) traduisent, dans leurs solidarités, nuances et oppositions, une volonté de redéfinir, re-déployer, re-déplier ce qu’on pourrait appeler des identités africaines modernes.
Que ce soit en renvoyant à l’histoire ou à la géographie du continent, en revendiquant une manière d’être au monde à la croisée de plusieurs cultures, ou en reformulant encore un projet singulier et radical dans un contexte tendu sur la question des « identités », ces afro-déclinaisons semblent toutes chercher à faire émerger de nouvelles politiques.
La question de l’articulation cohérente de cette mosaïque de pratiques, visions, aspirations se pose aussitôt. Ne gagneraient-elles pas, en effet, à s’unir pour affirmer un nouveau et puissant discours politique ? La question est d’autant plus urgente qu’on peut craindre l’inverse : qu’à trop saturer afro de mots, à lui accoler tant de suffixes, on ne finisse par en faire une abstraction propre à ne charrier que des réactions trop éclatées et éphémères pour espérer agir profondément sur les rapports de force politiques.
Avec Marie Inaya Munza, Nadia Yala Kisukidi, Valerie Cadignan, Veronique Kanor, Christian Dzellat.
Modératrice : Adiaratou Diarrassouba.